Masaya à vélo bambou
Olivier - Géraldine - Amalia - Esteban - Gaspard - Ludovic

Turquie - Partie 2

Nos découvertes La Cappadoce Görëme Spectacle des montgolfères Vallée de l'Amour Musée à ciel ouvert de Zvelve Derinkuyu : la ville souterraine Konya et les derviches tourneur

La Cappadoce

Afyon Afin de partager le trajet en deux, nous nous arrêtons à Afyon. Cette ville se trouve dans une région balnéraire et nous pouvons bénéficier d'un bain privatif à un prix défiant toute concurrence. Görëme Cette petite bourgade se trouve être un point central pour les différentes visites alentours. Très touristique, nous arrivons dans un autre monde dans lequel nous côtoyons plus de touristes que de locaux. Le nombre irréel de quads garés devant des agences de voyage donne le ton. A la fin de la journée, des centaines et des centaines de touristes circulent sur ces engins en suivant bien docilement leur guide qui parfois se fait un plaisir de rouler assis sur le capot pour épater la galerie. Très peu pour nous (pas du tout même… nos poils s'hérissent). Afin de limiter les dépenses, nous plantons notre tente dans un des deux campings de la ville. Nous choisissons le camping Panorama qui nous permettra de nous lever à 6h du matin pour observer le spectacle des centaines de montgolfières. Tarif du camping : 10 euros (tiens… on nous parle en euros et non en livres turques…) par tête de pipe !!! Ça fait cher le camping. Heureusement Gaspard ne paie pas mais tout de même, 50 euros pour planter sa tente sur une mini parcelle très poussièreuse (nos 2 tentes sont collées l'une à l'autre et dépassent sur le chemin de passage) ça fait chéro. Notre voisin de tente a la même parcelle pour lui tout seul à 10 euros (vu que c’est par tête de pipe…). Nous sommes clairement perdants de planter nos tentes dans un camping lorsqu'on doit payer par personnes. Görëme se trouvant sur la route de la soie et étant très touristique, nous y trouvons même des chameaux et des petits poneys pour les touristes. Gaspard, en les voyant rapidement, s'exclame : "Ohhh, regardez, il y a même des petits mini chameaux ! " (en parlant des poneys qui sont apprêtés, à sa décharge, à l'identique des chameaux). Le spectacle des montgolfières Au lever du jour, des centaines de montgolfières s'élèvent au-dessus de la ville de Görëme pour que les touristes puissent y admirer le lever du soleil. Il faut tout de même débourser entre 180 et 250 CHF pour environ 30 minutes de vol, et ce mot a tout ses sens (polysémiques). En effet, nous observons ce spectacle depuis une petite colline proche de notre camping afin de nous éloigner de la foule. Nous pouvons voir que la plupart des montgolfières atterrissent avant le lever du soleil, s'étant dirigées dans une direction inadéquate. Débourser 200 CHF pour ne pas pouvoir bénéficier du spectacle, c'est cher payé… Posés sur notre colline, nous admirons le soleil se lever majesteusement avec les montgolfières restantes prostrées devant lui. Si nous mettons le côté écologique à part (difficile tout de même dans les temps qui courent), nous admettons que ce spectacle est impressionnant. Dès que le soleil nous atteint, nous sentons la caresse de ses rayons qui nous réchauffe. La vallée de l’Amour Nous n'avons pas besoin de vous expliquer pourquoi cette vallée se nomme ainsi. (Comme tout le monde aime les asperges, ça va de soi…) Nous en faisons le tour par le haut puis par le bas (et oui… ça se déguste…) Peu de touristes (il faut marcher un peu, c'est beaucoup demander) et pourtant la découverte est gratuite. Musée à ciel ouvert de Zvelve Entrée : 65 lires (environs 4 CHF en 2022) Nous avons décidé de découvrir cet endroit plutôt que le musée à ciel ouvert de Görëme afin d’éviter de nous retrouver dans la foule. De plus l’accès est limité pour la préservation du site, ce que l’on trouve très bien. Nous déambulons dans cette ancienne ville troglodyte habitée jusqu'en 1952. Gaspard est heureux. Il entre dans toutes les petites ouvertures qu'il aperçoit (jusqu'à ce qu'un ours faisant grand bruit dans une grotte lui fasse peur…). Nous prenons du temps et contemplons les différents espaces en tentant d'imaginer comment la vie devait s'y dérouler. Ce qui est sûr c'est que dès que nous franchissons le seuil d'une habitation, l'air devient frais et nous permet de faire une pause appréciée sous ce cagnard. Après avoir parcouru certains sites internet, nous avons appris que près de là se trouve un caravansérail rénové dans lequel il est possible d'observer la magie des derviches tourneurs. N'ayant aucune information du jour, de l'heure, nous nous rendons dans une agence de voyage afin de dénicher ces informations (certes, on l'accorde, ce n'est pas très correcte de procéder ainsi mais on se dit qu'avec le nombre de touristes présents ici cela ne leur changera rien qu'on y aille seuls ou avec eux…). L'agence m'indique que la cérémonie a lieu tous les jours à 18h et que le transfert (10 km), le thé et la cérémonie coûte un total de … 40 euros par personnes !! Le soir même, nous filons au caravansérail de manière autonome. Une fois sur place, une personne nous indique que la cérémonie n'a pas lieu aujourd'hui car il s'y déroule une fête privée. Nous pouvons tout de même visiter les lieux gratuitement et revenir le lendemain pour la cérémonie. Nous demandons alors quel est le prix : 25 euros par personnes. 125 euros pour assister à une cérémonie des derviches tourneurs, certes dans un lieu magique, mais tout de même encore une fois, trop élevé pour notre budget et en sachant ce que nous payons en Turquie jusqu'à présent, cela ne tient pas la route et sent très fortement l'arnaque. Nous ne souhaitons pas assister à une cérémonie dans une énergie fausse, montée de toute pièce. Le fait que ce soit-là il s’y déroule exeptionnellement une fête privée nous donne un signal de plus que nous ne devons pas revenir ici pour assister à une cérémonie. Durant la nuit, en pleine insomnie à 3h du matin, je modifie les plans pour la suite. Nous sommes sensés nous lever à 7h afin de nous rendre à Derinkuyu, la ville souterraine. Nous sommes samedi et tous les samedis, à 350 km de là, à Konya, une cérémonie des derviches tourneurs a lieu. Konya est la ville de base du soufisme, le berceau de ces cérémonies. Nous y sommes passés sans nous arrêter pour rejoindre Görëme. Comme nous avons prévu de rejoindre la côte sud le dimanche, nous pouvons très bien y retourner en passant par Konya. Il faut juste : - Expliquer le projet à Olivier et le convaincre - Réveiller les jeunes + tôt - Paqueter tout le barda, plier les tentes - Partir à la même heure que prévu afin d'arriver avant les bus touristique à Derinkuyu A 5h30, je sens qu'Olivier ne dort plus, je me lance alors à pas de fourmis. Je sens que je le prends de cours car il n'a rien planifié dans cette direction mais je sens également que pour lui il n'est pas possible d'assister à une cérémonie montée pour les touristes et que l'idée de Konya est bien plus adéquate et fait tout son sens. Et c'est GO. Les jeunes sont réveillés (à la militaire comme dira Amalia…) et rangent le tout avec la seule explication : On vous expliquera en route, il faut y aller, changement de plan. Ils sont supers et permettent que le tout se concrétise facilement. Nous partons donc pour Deri……………………….nkuyu avec 5 minutes de retard sur l'horaire que nous avions fixé mais avec les tentes pliées, sacs de couchages et le tout rangé. Derinkuyu, la ville souterraine Cette ville habritait jusqu’à 20’000 personnes dans ses temps forts ! Les gens vivaient totalement sous terre pour se protéger des persécutions. Elle fut principalement le refuge des chrétiens grecs. Uniquement 10% de la cité sont accessibles. Nous arrivons avant même que les parkings soient payants, que les échoppes touristiques ne soient ouvertes. L'entrée ouvre à 8h. Une horde de chiens nous accueille et nous saute (gentiment) dessus. C'est sympa mais gardons un peu de distance tout de même… Nous accédons à la ville souterraine et bénéficions de l'exclusivité complète, toute la visite rien que pour nous. Nous avions lu que certains avaient dû attendre à la queue leu leu des temps interminables pour pouvoir accéder aux différents endroits. Nous ne peinons pas à comprendre lorsque nous voyons que certains passages sont de longs allers-retours où une seule personne peu passer à la fois. Nous déambulons jusqu’à plus de 80 m sous terre. Toutes ces galeries sont ventilées par une cinquantaine de cheminée d’aération. Cette ville souterraine, construite aux environs du VIIIème siècle avant J-C. est la plus grande du monde. Konya et les derviches tourneurs Dans la ville, les femmes portent quasiment toute le voile, même les jeunes. Lorsque nous dégotons un petit hôtel familiale, le patron s'adresse à Olivier et non à moi qui avait débuté la discussion. Prix d'une chambre de 3 : 300 lires (environ 17 CHF), nous payons donc environ 34 CHF pour la nuit. Konya est la ville où se trouve le tombeau de Celal El-din Rumi, appelé Mevlana, qui est le père fondateur de l’ordre des derviches tourneurs au cours du 13ème siècle. Ces derniers sont membres d’une confrérie religieuse, branche du soufisme (courant de l’Islam). Un peu d’histoire… Celal El-din, est né en 1207 en Perse, dans la région du Korasan (actuel Afghanistan). Son papa était déjà un grand maîtres Soufi reconnu et admiré. On le nommait «Sultan des Savants». Avec sa famille, il a dû fuir les troupes mongols et ils reçurent la protection des turcs Selkjoukides, dits «Rum». C’est de là que vient le nom de Rumi à Celal El-din lorsqu’il arrive à Konya, capitale du sultanat de Rum. Il devient ensuite également maître soufi. Il reçoit alors son autre surnom de Mevlana, qui signifie «Notre maître» . En 1244, Rumi fait la rencontre de Shams, un derviche errant originaire de Perse, qui devient son maître spirituel et qui le guide sur la voie de l’abandon de son égo, pour une communion véritable avec Allah. Depuis, amour, tolérance et humilité seront les fondations des enseignements de Rumi. Trois ans après leur rencontre, Shams est assassiné dans le cadre d’un complot. Rumi ne s’en remettra jamais. Il se met à écrire des poèmes. Après avoir été influencé par Shams, Rumi développe ses propres rituels qui lui permettent de communier intimement avec Allah. C’est là que nait la cérémonie du sema. Réfutés par l’islam orthodoxe, les ordres soufis ont régulièrement fait l’objet de durcissements à leur encontre. En 1923, Atatürk interdit même ce qu’il nomme la « secte » des Mevlevi. Leurs couvents sont fermés et le Sema devient clandestin. Ce n’est qu’après les années 1950, que les derviches tourneurs sont à nouveau tolérés. Mais, une partie de cette culture s’est perdue. La transmission ne se fait plus dans des couvents mais dans des associations ou centres culturels. Le Sema est classé au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2005. Exceptés les derviches de Mevlana, tous ne sont pas tourneurs. Les derviches tourneurs atteignent l’extase par une danse giratoire (Sema ou Samâ) qui figure une vision cosmique du monde. Cérémonie des derviches tourneurs à Konya Entrée : 50 lires (environ 4 CHF, soit près de 6x moins qu'au Caravansérail…) L'endroit est immense et très peu de gens participent en tant que spectateurs. Contrairement au Caravansérail, il est possible ici de prendre des photos ou de filmer, cependant, un moment comme ça se vit, tout simplement. Nous avons tout de même pris quelques cliché afin de partager ce moment. Symbolique dans les vêtements du derviche tourneur : Le Sikke : chapeau en feutre marron, symbolise la pierre tombale Le Hirka : manteau noir enlevé avant de tourner, symbolise la tombe, l’enveloppe charnelle. Ôter le Hirka représente l’abandon de son égo nécessaire pour l’élévation de l’âme. Le Tennure : robe et veste blanches, symbolisent le linceul Pour Rumi, la mort est le moment de la rencontre avec Allah, donc un moment joyeux. Lors du sema, le mutriban. (orchestre) se compose au moins du : joueur de ney (une flûte en roseau). Sa musique représente l’élévation de l’âme vers l’univers, joueur de kudum (double tambourin) joueur de Halile (cymbales) chanteur (psalmodie des paroles du Coran ou des poèmes de Rumi) Les derviches effectuent un mouvement de rotation sur eux-mêmes, vers leur gauche (cœur) et également autour de la salle. Double rotatioin donc, référence à l’univers, la gravitation des planètes autour du Soleil mais également à chaque atome de la création. Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Sema : toute la création tourne autour d’un centre. La paume de la main droite est orientée vers le ciel, pour recueillir la grâce d’Allah, tandis que la gauche est tournée vers le sol, pour la dispenser sur la terre et les Hommes. La tête est inclinée sur la droite (tournée vers le cœur). Avant et après chaque phase giratoire, les derviches se tiennent debout, les bras croisés sur la poitrine, et les mains sur les épaules, pour symboliser l’unité divine. Le Sema La cérémonie dure environ 1h, décomposée en 7 parties. 1. Introducation musicale Le mutriban (les musiciens) s’installe et joue. 2. Arrivée des derviches tourneurs evêtus de leur manteau noir. le Hirka. Une peau de mouton teinte en rouge, qui représente Rumi est déposée au sol. en face des musiciens. La ligne imaginaire qui la relie à l’orchestre forme «l’équateur» , sur laquelle les derviches ne doivent jamais marcher. 3. Les derviches se positionnent debout les uns à côté des autres. 4. Les salutations des âmes : les derviches s’agenouillent, embrassent le sol, puis se relèvent et se dirigent vers le maître. Ils débutent une série de 3 tours complets, en marchant les mains croisées sur les épaules. Les derviches se saluent mutuellement devant la peau de mouton rouge. le 1er tour est pour la création du Soleil, de la Lune, des Etoiles et de toute création non vivante le second tour est pour la création des végétaux le 3ème tour est pour la création des animaux et des Hommes 5. Les derviches enlèvent leur manteau noir et débutent leur danse, une série de 4 tours de piste (Selam), en pivotant à double rotation. Lorsqu’ils sont lancés, leurs bras se délient et s’élèvent dans une grâce qui rappelle l’éclosion d’une fleur. Le pied gauche reste au sol et le droit donne l’impulsion du mouvement. A la fin de chaque Selam, les derviches reprennent leur position initiale bras croisés, mains sur les épaules, en signe d’unité divine. Selam 1 : Les derviches reconnaissent leur état de créature de Dieu Selam 2 : Ils s’émerveillent devant la création de Dieu. Selam 3 : Ils se fondent dans l’amour de Dieu, abandon du soi. C’est ce Selam qui a duré le plus longtemps lors de la cérémonie. Selam 4 : Fin du voyage spirituel, l’âme est purifiée. 6. Le retour sur terre Les derviches tourneurs reviennent à leur position de départ pour les dernières salutations. Ils revêtent leur manteau noir. 7. Repos des âmes des prophètes et des croyants Les musiciens interprètent une lecture du Coran et la prière. Coup de gueule Les règles sont claires (bien qu'expliquées uniquement en turque, nous nous étions renseignés avant et les connaissions) : Pas d'obligations vestimentaires (nous les femmes pouvons y aller à l'occidentale cependant un peu de décence tout de même, c'est une cérémonie religieuse et non un dancing floor…) Ne pas applaudir (ce n'est pas un show mais une cérémonie durant laquelle les derviches entrent en contact avec Dieu) Pas de flash (on estime que c'est normal mais apparemment pas pour tous…) Pas de sonnerie de téléphone (idem que ci-dessus) Ne pas croiser les jambes Une fois que la cérémonie a débuté, certains téléphones sonnent et même… certains y répondent et parlent. Une femme derrière nous fait même un appel avec une amie pour lui montrer la cérémonie en direct. Sa correspondante parle et s'émerveille très fort ! Je me retourne, excédée (je ne suis pas la seule) et la fixe. Elle ne comprend rien et poursuit son appel. Un homme lui dit alors de stopper mais elle ne se rend toujours pas compte qu'elle dérange et manque complètement de respect. Nous peinons vraiment à comprendre l'attitude de certaines personnes et cela nous attriste profondément. Cependant, le reste de la cérémonie se passe dans un grand respect et nous nous rendons compte de la chance que nous avons de pouvoir y participer. Deux jeunes derviches font partie de la cérémonie.
Masaya à vélo bambou
Olivier - Géraldine - Amalia - Esteban - Gaspard - Ludovic

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La Cappadoce

Afyon Afin de partager le trajet en deux, nous nous arrêtons à Afyon. Cette ville se trouve dans une région balnéraire et nous pouvons bénéficier d'un bain privatif à un prix défiant toute concurrence. Görëme Cette petite bourgade se trouve être un point central pour les différentes visites alentours. Très touristique, nous arrivons dans un autre monde dans lequel nous côtoyons plus de touristes que de locaux. Le nombre irréel de quads garés devant des agences de voyage donne le ton. A la fin de la journée, des centaines et des centaines de touristes circulent sur ces engins en suivant bien docilement leur guide qui parfois se fait un plaisir de rouler assis sur le capot pour épater la galerie. Très peu pour nous (pas du tout même… nos poils s'hérissent). Afin de limiter les dépenses, nous plantons notre tente dans un des deux campings de la ville. Nous choisissons le camping Panorama qui nous permettra de nous lever à 6h du matin pour observer le spectacle des centaines de montgolfières. Tarif du camping : 10 euros (tiens… on nous parle en euros et non en livres turques…) par tête de pipe !!! Ça fait cher le camping. Heureusement Gaspard ne paie pas mais tout de même, 50 euros pour planter sa tente sur une mini parcelle très poussièreuse (nos 2 tentes sont collées l'une à l'autre et dépassent sur le chemin de passage) ça fait chéro. Notre voisin de tente a la même parcelle pour lui tout seul à 10 euros (vu que c’est par tête de pipe…). Nous sommes clairement perdants de planter nos tentes dans un camping lorsqu'on doit payer par personnes. Görëme se trouvant sur la route de la soie et étant très touristique, nous y trouvons même des chameaux et des petits poneys pour les touristes. Gaspard, en les voyant rapidement, s'exclame : "Ohhh, regardez, il y a même des petits mini chameaux ! " (en parlant des poneys qui sont apprêtés, à sa décharge, à l'identique des chameaux). Le spectacle des montgolfières Au lever du jour, des centaines de montgolfières s'élèvent au-dessus de la ville de Görëme pour que les touristes puissent y admirer le lever du soleil. Il faut tout de même débourser entre 180 et 250 CHF pour environ 30 minutes de vol, et ce mot a tout ses sens (polysémiques). En effet, nous observons ce spectacle depuis une petite colline proche de notre camping afin de nous éloigner de la foule. Nous pouvons voir que la plupart des montgolfières atterrissent avant le lever du soleil, s'étant dirigées dans une direction inadéquate. Débourser 200 CHF pour ne pas pouvoir bénéficier du spectacle, c'est cher payé… Posés sur notre colline, nous admirons le soleil se lever majesteusement avec les montgolfières restantes prostrées devant lui. Si nous mettons le côté écologique à part (difficile tout de même dans les temps qui courent), nous admettons que ce spectacle est impressionnant. Dès que le soleil nous atteint, nous sentons la caresse de ses rayons qui nous réchauffe. La vallée de l’Amour Nous n'avons pas besoin de vous expliquer pourquoi cette vallée se nomme ainsi. (Comme tout le monde aime les asperges, ça va de soi…) Nous en faisons le tour par le haut puis par le bas (et oui… ça se déguste…) Peu de touristes (il faut marcher un peu, c'est beaucoup demander) et pourtant la découverte est gratuite. Musée à ciel ouvert de Zvelve Entrée : 65 lires (environs 4 CHF en 2022) Nous avons décidé de découvrir cet endroit plutôt que le musée à ciel ouvert de Görëme afin d’éviter de nous retrouver dans la foule. De plus l’accès est limité pour la préservation du site, ce que l’on trouve très bien. Nous déambulons dans cette ancienne ville troglodyte habitée jusqu'en 1952. Gaspard est heureux. Il entre dans toutes les petites ouvertures qu'il aperçoit (jusqu'à ce qu'un ours faisant grand bruit dans une grotte lui fasse peur…). Nous prenons du temps et contemplons les différents espaces en tentant d'imaginer comment la vie devait s'y dérouler. Ce qui est sûr c'est que dès que nous franchissons le seuil d'une habitation, l'air devient frais et nous permet de faire une pause appréciée sous ce cagnard. Après avoir parcouru certains sites internet, nous avons appris que près de là se trouve un caravansérail rénové dans lequel il est possible d'observer la magie des derviches tourneurs. N'ayant aucune information du jour, de l'heure, nous nous rendons dans une agence de voyage afin de dénicher ces informations (certes, on l'accorde, ce n'est pas très correcte de procéder ainsi mais on se dit qu'avec le nombre de touristes présents ici cela ne leur changera rien qu'on y aille seuls ou avec eux…). L'agence m'indique que la cérémonie a lieu tous les jours à 18h et que le transfert (10 km), le thé et la cérémonie coûte un total de … 40 euros par personnes !! Le soir même, nous filons au caravansérail de manière autonome. Une fois sur place, une personne nous indique que la cérémonie n'a pas lieu aujourd'hui car il s'y déroule une fête privée. Nous pouvons tout de même visiter les lieux gratuitement et revenir le lendemain pour la cérémonie. Nous demandons alors quel est le prix : 25 euros par personnes. 125 euros pour assister à une cérémonie des derviches tourneurs, certes dans un lieu magique, mais tout de même encore une fois, trop élevé pour notre budget et en sachant ce que nous payons en Turquie jusqu'à présent, cela ne tient pas la route et sent très fortement l'arnaque. Nous ne souhaitons pas assister à une cérémonie dans une énergie fausse, montée de toute pièce. Le fait que ce soit-là il s’y déroule exeptionnellement une fête privée nous donne un signal de plus que nous ne devons pas revenir ici pour assister à une cérémonie. Durant la nuit, en pleine insomnie à 3h du matin, je modifie les plans pour la suite. Nous sommes sensés nous lever à 7h afin de nous rendre à Derinkuyu, la ville souterraine. Nous sommes samedi et tous les samedis, à 350 km de là, à Konya, une cérémonie des derviches tourneurs a lieu. Konya est la ville de base du soufisme, le berceau de ces cérémonies. Nous y sommes passés sans nous arrêter pour rejoindre Görëme. Comme nous avons prévu de rejoindre la côte sud le dimanche, nous pouvons très bien y retourner en passant par Konya. Il faut juste : - Expliquer le projet à Olivier et le convaincre - Réveiller les jeunes + tôt - Paqueter tout le barda, plier les tentes - Partir à la même heure que prévu afin d'arriver avant les bus touristique à Derinkuyu A 5h30, je sens qu'Olivier ne dort plus, je me lance alors à pas de fourmis. Je sens que je le prends de cours car il n'a rien planifié dans cette direction mais je sens également que pour lui il n'est pas possible d'assister à une cérémonie montée pour les touristes et que l'idée de Konya est bien plus adéquate et fait tout son sens. Et c'est GO. Les jeunes sont réveillés (à la militaire comme dira Amalia…) et rangent le tout avec la seule explication : On vous expliquera en route, il faut y aller, changement de plan. Ils sont supers et permettent que le tout se concrétise facilement. Nous partons donc pour Deri……………………….nkuyu avec 5 minutes de retard sur l'horaire que nous avions fixé mais avec les tentes pliées, sacs de couchages et le tout rangé. Derinkuyu, la ville souterraine Cette ville habritait jusqu’à 20’000 personnes dans ses temps forts ! Les gens vivaient totalement sous terre pour se protéger des persécutions. Elle fut principalement le refuge des chrétiens grecs. Uniquement 10% de la cité sont accessibles. Nous arrivons avant même que les parkings soient payants, que les échoppes touristiques ne soient ouvertes. L'entrée ouvre à 8h. Une horde de chiens nous accueille et nous saute (gentiment) dessus. C'est sympa mais gardons un peu de distance tout de même… Nous accédons à la ville souterraine et bénéficions de l'exclusivité complète, toute la visite rien que pour nous. Nous avions lu que certains avaient dû attendre à la queue leu leu des temps interminables pour pouvoir accéder aux différents endroits. Nous ne peinons pas à comprendre lorsque nous voyons que certains passages sont de longs allers-retours où une seule personne peu passer à la fois. Nous déambulons jusqu’à plus de 80 m sous terre. Toutes ces galeries sont ventilées par une cinquantaine de cheminée d’aération. Cette ville souterraine, construite aux environs du VIIIème siècle avant J-C. est la plus grande du monde. Konya et les derviches tourneurs Dans la ville, les femmes portent quasiment toute le voile, même les jeunes. Lorsque nous dégotons un petit hôtel familiale, le patron s'adresse à Olivier et non à moi qui avait débuté la discussion. Prix d'une chambre de 3 : 300 lires (environ 17 CHF), nous payons donc environ 34 CHF pour la nuit. Konya est la ville où se trouve le tombeau de Celal El-din Rumi, appelé Mevlana, qui est le père fondateur de l’ordre des derviches tourneurs au cours du 13ème siècle. Ces derniers sont membres d’une confrérie religieuse, branche du soufisme (courant de l’Islam). Un peu d’histoire… Celal El-din, est né en 1207 en Perse, dans la région du Korasan (actuel Afghanistan). Son papa était déjà un grand maîtres Soufi reconnu et admiré. On le nommait «Sultan des Savants». Avec sa famille, il a dû fuir les troupes mongols et ils reçurent la protection des turcs Selkjoukides, dits «Rum». C’est de là que vient le nom de Rumi à Celal El-din lorsqu’il arrive à Konya, capitale du sultanat de Rum. Il devient ensuite également maître soufi. Il reçoit alors son autre surnom de Mevlana, qui signifie «Notre maître» . En 1244, Rumi fait la rencontre de Shams, un derviche errant originaire de Perse, qui devient son maître spirituel et qui le guide sur la voie de l’abandon de son égo, pour une communion véritable avec Allah. Depuis, amour, tolérance et humilité seront les fondations des enseignements de Rumi. Trois ans après leur rencontre, Shams est assassiné dans le cadre d’un complot. Rumi ne s’en remettra jamais. Il se met à écrire des poèmes. Après avoir été influencé par Shams, Rumi développe ses propres rituels qui lui permettent de communier intimement avec Allah. C’est là que nait la cérémonie du sema. Réfutés par l’islam orthodoxe, les ordres soufis ont régulièrement fait l’objet de durcissements à leur encontre. En 1923, Atatürk interdit même ce qu’il nomme la « secte » des Mevlevi. Leurs couvents sont fermés et le Sema devient clandestin. Ce n’est qu’après les années 1950, que les derviches tourneurs sont à nouveau tolérés. Mais, une partie de cette culture s’est perdue. La transmission ne se fait plus dans des couvents mais dans des associations ou centres culturels. Le Sema est classé au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2005. Exceptés les derviches de Mevlana, tous ne sont pas tourneurs. Les derviches tourneurs atteignent l’extase par une danse giratoire (Sema ou Samâ) qui figure une vision cosmique du monde. Cérémonie des derviches tourneurs à Konya Entrée : 50 lires (environ 4 CHF, soit près de 6x moins qu'au Caravansérail…) L'endroit est immense et très peu de gens participent en tant que spectateurs. Contrairement au Caravansérail, il est possible ici de prendre des photos ou de filmer, cependant, un moment comme ça se vit, tout simplement. Nous avons tout de même pris quelques cliché afin de partager ce moment. Symbolique dans les vêtements du derviche tourneur : Le Sikke : chapeau en feutre marron, symbolise la pierre tombale Le Hirka : manteau noir enlevé avant de tourner, symbolise la tombe, l’enveloppe charnelle. Ôter le Hirka représente l’abandon de son égo nécessaire pour l’élévation de l’âme. Le Tennure : robe et veste blanches, symbolisent le linceul Pour Rumi, la mort est le moment de la rencontre avec Allah, donc un moment joyeux. Lors du sema, le mutriban. (orchestre) se compose au moins du : joueur de ney (une flûte en roseau). Sa musique représente l’élévation de l’âme vers l’univers, joueur de kudum (double tambourin) joueur de Halile (cymbales) chanteur (psalmodie des paroles du Coran ou des poèmes de Rumi) Les derviches effectuent un mouvement de rotation sur eux-mêmes, vers leur gauche (cœur) et également autour de la salle. Double rotatioin donc, référence à l’univers, la gravitation des planètes autour du Soleil mais également à chaque atome de la création. Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Sema : toute la création tourne autour d’un centre. La paume de la main droite est orientée vers le ciel, pour recueillir la grâce d’Allah, tandis que la gauche est tournée vers le sol, pour la dispenser sur la terre et les Hommes. La tête est inclinée sur la droite (tournée vers le cœur). Avant et après chaque phase giratoire, les derviches se tiennent debout, les bras croisés sur la poitrine, et les mains sur les épaules, pour symboliser l’unité divine. Le Sema La cérémonie dure environ 1h, décomposée en 7 parties. 1. Introducation musicale Le mutriban (les musiciens) s’installe et joue. 2. Arrivée des derviches tourneurs evêtus de leur manteau noir. le Hirka. Une peau de mouton teinte en rouge, qui représente Rumi est déposée au sol. en face des musiciens. La ligne imaginaire qui la relie à l’orchestre forme «l’équateur» , sur laquelle les derviches ne doivent jamais marcher. 3. Les derviches se positionnent debout les uns à côté des autres. Les salutations des âmes : les derviches s’agenouillent, embrassent le sol, puis se relèvent et se dirigent vers le maître. Ils débutent une série de 3 tours complets, en marchant les mains croisées sur les épaules. Les derviches se saluent mutuellement devant la peau de mouton rouge. le 1er tour est pour la création du Soleil, de la Lune, des Etoiles et de toute création non vivante le second tour est pour la création des végétaux le 3ème tour est pour la création des animaux et des Hommes 5. Les derviches enlèvent leur manteau noir et débutent leur danse, une série de 4 tours de piste (Selam), en pivotant à double rotation. Lorsqu’ils sont lancés, leurs bras se délient et s’élèvent dans une grâce qui rappelle l’éclosion d’une fleur. Le pied gauche reste au sol et le droit donne l’impulsion du mouvement. A la fin de chaque Selam, les derviches reprennent leur position initiale bras croisés, mains sur les épaules, en signe d’unité divine. Selam 1 : Les derviches reconnaissent leur état de créature de Dieu Selam 2 : Ils s’émerveillent devant la création de Dieu. Selam 3 : Ils se fondent dans l’amour de Dieu, abandon du soi. C’est ce Selam qui a duré le plus longtemps lors de la cérémonie. Selam 4 : Fin du voyage spirituel, l’âme est purifiée. Le retour sur terre Les derviches tourneurs reviennent à leur position de départ pour les dernières salutations. Ils revêtent leur manteau noir. 7. Repos des âmes des prophètes et des croyants Les musiciens interprètent une lecture du Coran et la prière. Coup de gueule Les règles sont claires (bien qu'expliquées uniquement en turque, nous nous étions renseignés avant et les connaissions) : Pas d'obligations vestimentaires (nous les femmes pouvons y aller à l'occidentale cependant un peu de décence tout de même, c'est une cérémonie religieuse et non un dancing floor…) Ne pas applaudir (ce n'est pas un show mais une cérémonie durant laquelle les derviches entrent en contact avec Dieu) Pas de flash (on estime que c'est normal mais apparemment pas pour tous…) Pas de sonnerie de téléphone (idem que ci- dessus) Ne pas croiser les jambes Une fois que la cérémonie a débuté, certains téléphones sonnent et même… certains y répondent et parlent. Une femme derrière nous fait même un appel avec une amie pour lui montrer la cérémonie en direct. Sa correspondante parle et s'émerveille très fort ! Je me retourne, excédée (je ne suis pas la seule) et la fixe. Elle ne comprend rien et poursuit son appel. Un homme lui dit alors de stopper mais elle ne se rend toujours pas compte qu'elle dérange et manque complètement de respect. Nous peinons vraiment à comprendre l'attitude de certaines personnes et cela nous attriste profondément. Cependant, le reste de la cérémonie se passe dans un grand respect et nous nous rendons compte de la chance que nous avons de pouvoir y participer. Deux jeunes derviches font partie de la cérémonie.