Chine
Le Yunnan
Prendre conscience de ce que l’on a et en profiter pleinement...
Arrivée et la région de Yuanyang jusqu’à Dali
Nous décollons de Bangkok en direction de Hong Kong. 2h40 de vol sans problème, puis nous enchaînons avec un second
vol de même durée pour rejoindre Chéngdu. Une fois dans l’avion, le repas nous est servi avant même que nous décollions.
Personne ne nous dit rien. Nous demandons ce qu’il se passe et une hôtesse nous explique que l’avion ne décollera pas
avant 3h car la météo est mauvaise. Nous arrivons à Chéngdu à 2h du matin au lieu de 22h. Nous récupérons nos cartons
de vélos dans un sale état et rejoignons notre hôtel. Personne ne parle un mot d’anglais, difficile de se faire comprendre et
d’expliquer qu’il nous faut laisser nos cartons pour la durée de notre séjour en Chine.
Nous y voilà, en mode sac à dos. N’ayant pas pu obtenir les visas pour 3 mois, nous avons été contraints de laisser nos
vélos à Chéngdu pour sillonner la partie que l’on souhaitait découvrir avec d’autres moyens de locomotion. Nous avons opté
pour des trajets en train et des parties en voiture, ce qui nous laisse plus de liberté pour découvrir certains coins loin des
sentiers battus. En Chine, pas le choix, nous sommes obligés de passer par une agence et d’avoir un chauffeur. Il est
impossible de louer des véhicules de manière autonome étant étrangers, tout comme il n’est pas possible de rejoindre
Lhassa sans prendre l’avion. Nous choisissons l’agence Yunnan Road car ils nous avaient gentiment aidés à obtenir des
documents pour le visa sans rien demander en retour lors de nos préparatifs à vélo pour ce tracé.
La Chine nous met beaucoup de barrières depuis le début. Pas de visas de 3 mois pour venir à vélo (et pour celui de 1 mois
obligation de fournir un billet d’avion, la liste des hébergements et le tracé précis), pas possible de conduire de véhicule. Je
dois avouer que dès le début de notre projet, je n’ai jamais été très enthousiaste pour la partie “Chine”. Loin que les gens et
les paysages ne me déplaisent, c’est plutôt la manière dont est gouverné le pays et toutes les restrictions qui sont imposées
qui me bloquent. Mais on ne peut vraiment se rendre compte de ce qui s’y passe qu’en voyant par soi-même alors je me suis
laissée convaincre. D’autant plus que c’est la porte d’entrée pour une région qui m’appelle : le Tibet.
Maintenant, faisons abstraction de toutes ces fermetures imposées par le gouvernement et ouvrons les yeux et l’esprit.
Le lendemain, à 13h, nous montons dans un train pour Kunming, durée du trajet : 18h. Le train-couchette est confortable et
la nuit se passe bien. Esteban est content de dormir dans un train.
Arrivée à Kunming, les trajets ne sont pas terminés. Le chauffeur étant sensé être là, nous attendons mais personne n’arrive.
Nous appelons l’agence via un téléphone dans un kiosque. Ils se sont mal compris et personne n’est prévu. Rapidement, ils
nous trouvent un chauffeur. Nous enchaînons avec 6h de voiture pour rejoindre la région des rizières en terrasse après s’être
arrêtés à la très touristique forêt de pierre. Mouais, très beau mais trop bétonné à notre goût.
Nous arrivons dans un petit village de montagne, Duóyishù, de nuit. Nous logeons chez Jacky, un habitant parlant très bien
anglais, au coeur même des rizières. Endroit magique. Il nous cuisine un repas incroyable ! Une variété où chaque plat laisse
exploser des saveurs pour lesquelles on se relèverait la nuit. Comme ça fait du bien. Le lendemain, nous profitons de faire
une marche durant la journée. Nous traversons un marché et observons la vie locale. Nous ressentons l’ambiance de
certains marchés de Bolivie. Etant les seuls étrangers, nous sommes observés. Nous sentons également qu’à certains
endroits notre regard ne doit pas trop tarder (comme ce vieux monsieur qui vend des dents pour reconstituer des dentiers),
alors nous traçons notre route. Des poissons de petites tailles sont vendus vivants. Impossible de savoir pourquoi, personne
ne nous comprend et nous ne captons pas un mot de mandarin. Ce n’est que par la suite lorsque nous atteignons les rizières
que nous comprenons. Un homme se dirige vers les plantations avec 2 gros cornets remplis d’eau et de poissons vivants. Il
s’en va les jeter à raison de 2-3 poissons par terrasse. Les poissons servent à manger les vers et les insectes. Voilà des
méthodes sans produit chimique !
Nous traversons de petits villages et atteignons des coins reculés qui nous offrent des vues splendides sur les rizières. On
respire, on se sent bien. Les jours suivants, nous regagnons d’autres villages de montagne et découvrons la culture des
peuples Han et Hui. Nous nous arrêtons à Jiangshui et visitons un des plus grands temples de Chine dédié à Confucius.
Nous dormons chez la famille Zhan qui détient un magnifique jardin. Les enfants se croient comme dans un temple. L’endroit
est vraiment incroyable.
Un dernier arrêt dans un village mongol habité par des descendants de l’armée de Kubilaï Khan et nous rejoignons Kunming
pour un second train de nuit qui nous emmène à Dali.
Dali jusqu’aux portes du Tibet
A Dali, nous explorons la vieille ville, très jolie, mais composée de nombreuses boutiques touristiques où les prix sont
vraiment surfaits. Pour donner un exemple, une dame nous propose une jupe pour 260 Yuans (40 CHF !!!). Je lui fais
comprendre que non, cela ne nous intéresse pas et que c’est bien trop élevé pour nous. Elle me dit alors qu’elle peut baisser
le prix. Je ne veux pas lui faire perdre de temps et la remercie car de toutes manières je ne mettrais pas plus de 50 Yuans.
Me voyant partir, elle me rappelle et me dit “ ok ok, 50 ok !” Wouahou, passer de 260 à 50 (40 CHF à 7 CHF) en moins d’une
minute, là, ça nous agace un peu car on se rend vraiment compte des prix complètement surfaits. Mais le marchandage est
un sport et si certains touristes sont d’accord de mettre le prix, tant mieux pour les vendeurs. Mais tout de même, là, c’est
abusé. Nous n’achetons rien.
Le mandarin nous intrigue. Nous essayons de reconnaître certains signes mais ce n’est pas simple. Une personne de
l’agence avec laquelle nous avons eu contact nous a dit que cela fait 7 ans qu’elle vit sur place, 7 ans qu’elle prend des
cours et qu’elle en a encore besoin.
Dans chaque pays d’Asie, nous apprenons directement aux enfants des mots de base en débutant par bonjour et merci.
Nous tentons d’augmenter un peu le vocabulaire mais souvent il est difficile de se faire comprendre car notre prononciation
reste médiocre... Les gestes et les sourires remplacent alors les mots.
Nous découvrons une culture bien différente de ce que nous connaissons de l’Asie. Les temples, les Bouddhas, les
coutumes, tout varie. L’habillement des personnes dans les montagnes est principalement constitué de vêtements
traditionnels alors que dans les villes les gens portent des habits proches des nôtres (enfin pas des nôtres à nous à présent
car sinon ils ressembleraient à des pouilleux, mais aux habits occidentaux). Nous retrouvons des jupes très courtes, des
hauts talons et du rouge à lèvres.
Le 99% des touristes que nous croisons sont chinois. Partout où nous les voyons, Amalia et Esteban se font à nouveau
arrêter pour des séances photos.
Nous mangeons dans des gargotes des soupes de nouilles froides (ça nous change des soupes de nouilles chaudes) pour
70 centimes suisse. Les plats plus élaborés que nous avons goûtés sont tous excellents. Le tofu est bien présent sous
diverses formes et nous trouvons des légumes partout. Un vrai régal.
Nos passeports sont souvent contrôlés et en Chine, il n’y a aucun accès à Google, Facebook, certains sites et messageries.
Il n’est donc pas si facile de trouver des informations au fur et à mesure sur ce qui nous interpelle (ahhh les temps modernes
! Mais comment se débrouillaient donc ces voyageurs d’il y a quelques décennies ?) Lorsque nous rencontrons un chinois
anglophone, nous lui posons alors des quantités de questions afin de mieux comprendre le fonctionnement de sa région.
Jusqu’à ce que l’on découvre le VPN qui nous permet de passer outre toutes ces barrières informatiques.
La politique de l’enfant unique est encore bien présente. Dans les villages, 2 enfants sont tolérés parfois. Mais sinon, le
second enfant ne pourra pas bénéficier de la scolarité. Certaines femmes, enceintes, se rendent alors à Hong Kong pour y
accoucher car là-bas, aucun enfant n’est mis de côté. Cependant, avec la recrudescence d’accouchements sur cette partie
de Chine bien à part, les femmes enceintes ne sont plus autorisées à y venir. Les avortements, une fois le sexe de l’enfant
connu ont encore lieu à certains endroits afin de pouvoir avoir un fils et non une fille. Cette politique engendre de gros
problèmes à présent selon Jacky car la population chinoise est vieillissante. De plus, il n’y a plus assez de filles par rapport
au nombre de garçons. Du coup, il a entendu (mais ne sait pas si c’était sous forme de boutade ou non) que dans un futur
relativement proche, les filles pourraient avoir plusieurs maris. (Ah et bien il y a du bon parfois...NDLR)
Dans les petits villages de montagne, les enfants chinois se rendent souvent à l’école dès le dimanche. Ils y dorment la
semaine et ne retrouvent leur famille que le vendredi. Ils sont très rapidement autonomes.
Villages typiques du Yunnan
Nous poursuivons notre route en découvrant des villages typiques du Yunnan. Shaxi est un petit village qui va dans très peu
de temps exploser au niveau touristique. Petit, très plaisant, déjà certaines auberges se transforment pour accueillir une
clientèle de luxe.
Nous dormons dans un ancien caravansérail, ces auberges servant autrefois à loger les commerçants empruntant la grande
route des caravanes de thé et des chevaux. Ce village en fut d’ailleurs un grand centre d’échanges commerciaux.
Nous continuons vers le petit village de Shuhe, lui aussi très agréable et qui va sous peu également exploser
touristiquement.
Afin de découvrir les environs, nous décidons de louer des vélos (et oui, c’est dans le sang). Des vélos à 2 ou à 4 sont
présentés aux touristes de passage afin de découvrir le village. Les enfants ayant vu cela, nous acceptons de passer pour
des vrais touristes, de toute façon, ici, il n’y a que des Chinois donc ça ne va pas fuiter. Nous ne nous contentons pas de
visiter le village que nous avons déjà découvert à pied mais décidons de rejoindre le village voisin situé à plus de 4
kilomètres. On comprend vite que l’on cherche vraiment l’aventure là où il n’y a pas de quoi en trouver. Nous empruntons la
fausse route (nous ne lisons toujours pas les panneaux chinois, malgré tous nos efforts, on ne déchiffre rien). Un vent de
face complique le tout et nous roulons sur une route principale. Ils doivent bien se marrer ceux qui nous dépassent. On
s’imagine alors ce qu’ils disent : “ Regarde ces Blancs ! Ils n’ont pas compris que ces vélos ne sont pas pour la route !
Rooooh les touristes!”. On a presque un peu honte de nous on l’avoue mais on se marre et on sue également. Après
quelques kilomètres de plus que prévu, nous atteignons enfin le petit village de Baishà. Nous parquons notre quadricyclette
et déambulons dans les ruelles afin de trouver une gargote ou manger.
Le retour se fait plus rapidement (vent de dos aidant) et nous trouvons la vraie petite route directe.
Vers qu’Amalia nous a convaincus de goûter...
En passant par Lijiang, nous découvrons les gorges du Saut du Tigre. Joli, mais ce lieu est très aménagé, très touristique et
très cher à notre goût. Séances photos à nouveau pour les enfants à n’en pas finir. Nous en rigolons, Esteban désespère.
La Chine, ce n’est pas bon marché à visiter !
En effet, tous les lieux touristiques sont payants et souvent à prix fort. Nous le savions. Alors que nous pouvons manger dans
des endroits pour trois fois rien (70 centimes suisses), nous devons sortir le porte-monnaie et taxer à chaque lieu à visiter.
Nous payons le même prix que les touristes chinois mais trouvons vraiment les prix exagérés. On se demande même
comment les Chinois peuvent débourser autant. A certains endroits, ils tentent aussi de faire payer les enfants à plein tarif.
Nous refusons à chaque fois et souvent, pour terminer, ils ne font payer aucun des 2.