La Patagonie (Argentine
et Chili)
Prendre conscience de ce que l’on a et en profiter pleinement...
Nous partons de Puerto Montt afin de parcourir la Patagonie d’abord en suivant la carretera austral du côté Chilien puis la
route 40 du côté argentin. Environ 50 kilomètres après Puerto Montt, la route s’arrête et nous devons prendre notre premier
bac (45 minutes). La route continue ensuite environ 70 kilomètres vers Hornopiren. Ici nous prendrons notre deuxième bac
(4h30 de trajet) puis nous devons parcourir 9 kilomètres de route en gravier pour rejoindre le dernier tronçon en ferry (30
minutes de trajet).
Cette route est très connue des cyclistes. Elle traverse des régions magnifiques. De notre côté nous allons la parcourir avec
notre voiture de tourisme pas tout à fait adaptée pour les très nombreux trajets non goudronnés que nous allons prendre.
Nous nous arrêtons 2 nuits à Puyuhapi pour faire une randonnée dans le parc national Queulat. La vedette du parc est le
glacier Ventisquero.
Nous continuons ensuite vers Coyhaique puis Puerto Aisen. Là nous prenons un Catamaran durant la journée du 28
novembre pour avoir le privilège d’observer le glacier San Rafael et sa lagune remplie d’icebergs. La journée est très
maussade mais nous pouvons profiter de 30 minutes de soleil juste au bon moment. Nous approchons du glacier de très
près. Nous touchons les icebergs. Les enfants ayant découvert il y a peu l’histoire du Titanic, ils sont émerveillés de pouvoir
toucher ces blocs de glace souvent d’un bleu intense.
Le retour en bateau se fait en musique et ça tombe bien, c’est l’anniversaire d’Esteban et il se fait plaisir en dansant avec
d’autres passagers. Les boissons coulent à flot, surtout le Pisco Sour offert gratuitement... Et finalement bien que la mer ne
soit qu’un peu agitée, la mère tangue beaucoup... Avec la musique, la danse et le chant, toutes les barrières entre les
différentes nationalités présentent sur le bateau tombent. L’ambiance est bon enfant et tout le monde se fait prendre au jeu.
Esteban a passé une journée d’anniversaire comme jamais, sans oublier son gâteau préféré que l’on a dégusté
tranquillement dans notre cabane.
Pour la première fois, nous faisons notre conseil de famille à 5.
Nous avions décidé depuis notre départ sur cette route d’aller le plus au sud possible et de passer vers l’Argentine au dernier
poste frontière accessible: le paso Roballos. Nous nous arrêtons une nuit à Puerto Tranquillo pour visiter les grottes de
marbre et nous renseigner sur ce passage vers l’Argentine. La police nous dit que ce n’est pas possible de passer si nous
n’avons pas un 4x4 tandis que la propriétaire de la cabane que nous louons nous informe qu’un couple nord-américain l’a
franchi au mois de mai avec le même type de véhicule que nous. La décision est prise à l’unanimité: nous tentons l’aventure
! Nous ne sommes pas déçus même si l’échappement de notre voiture risque plusieurs fois de rester sur place !
Depuis El Calafate en Argentine nous partons à la rencontre du monstre de glace très connu : le Perito Moreno.
Les prix dans le Sud de la Patagonie sont très élevés. Le budget en prend un coup. Et on nous annonce que plus on se
dirige vers le Sud, moins les prix auront tendance à diminuer.
Une fois arrivés, ce géant nous impressionne comme si c’était la première fois que nous le découvrions. Immense. Posé là
devant nous. Le spectacle est non seulement visuel mais également auditif. Les craquements sombres et profonds qui en
sortent donnent le ton. Ce glacier est un des seuls à avancer. La zone d’accumulation étant plus alimentée que celle de
rétraction. Il est possible de voir des blocs se détacher et s’effondrer dans un incroyable fracas de déchirement. Un spectacle
grandiose.
Amalia en arrivant sur le site a les larmes aux yeux. Et de notre côté, la respiration nous est quasiment coupée tant cette
étendue de glace est imposante. Nous étions déjà venus ici il y a 10 ans mais l’émerveillement est tout autant grand.
Nous terminons la journée avec un repas argentin, un vrai ! Nous manquons de peu Mél et Blaise (photogénique.ch) qui
passent dans la même ville le même soir... malgré les échanges de mails, la connexion internet n’aura pas permis que nous
nous y retrouvions au bon moment...
Nous poursuivons la route vers le sud de la Patagonie, nous nous arrêtons après une grosse journée de voiture à Rio
Grande. Le lendemain, nous reprenons un bac pour traverser le détroit de Magellan et atteignons la Terre de Feu. Nous nous
rendons compte que nous arrivons sur la terre du bout du monde.
Nous atteignons Ushuaia.
La ville nous semble identique à ce que nous avions découvert la première fois. Elle ne nous plait pas vraiment. Sans
charme, ce sont les alentours qui nous émerveillent.
Nous trouvons un chouette endroit pour loger. Situé au début de la ville, un couple d’une soixantaine d’années propose 3
cabañas. Nous leur expliquons que nous allons encore voir un peu plus loin si nous trouvons meilleur marché car voyageant
à vélo durant 1 an, les tarifs d’ici nous sont difficiles. Dès que les mots voyage à vélo ont été prononcés, leurs yeux
s’écarquillent. Ils nous expliquent qu’ils ont beaucoup voyagé à vélo, qu’ils essaient chaque hiver de parcourir l’Europe à
vélo, surtout la France. Ils nous sortent leurs photos et nous racontent certaines histoires. Puis, ils nous disent qu’ils sont
d’accord de baisser leurs tarifs et que nous souhaitons rester chez eux. Ce couple est extraordinaire. Un puit d’informations
sur la région et de bons conseils. Le petit-déjeuner est compris et constitué de toutes sortes de croissants, pains à la vanille,
au chocolat, aux fruits, ... De plus elle nous préparera un souper-surprise.
Gracias Mabel y Roberto, un hogar increible !
Nous allons jusqu’au bout de la route dans le Parque Nacional. Nous marchons dans les environs pour bien sentir cette
ambiance de Fin del Mundo. Et nous n’oublions surtout pas de naviguer près du phare des Eclaireurs. Ce phare que
j’affectionne particulièrement. Il m’avait impressionée fortement il y a 10 ans et là encore, je le trouve magnifique. C’est avec
difficulté que je lui tourne le dos. Nous respirons. Nous nous efforçons de prendre conscience de l’endroit où nous nous
trouvons. En montrant aux enfants sur une carte où nous sommes, nous nous rendons encore plus compte que nous nous
situons vraiment au bout du monde. Et nous nous y sentons bien.
Avec les enfants, nous visitons le bagne d’Ushuaïa. La ville d’Ushuaïa s’est développée autour d’une prison pour des
criminels dangereux. Les prisonniers devaient alors couper du bois sur les terrains environnant la prison et construire la ville.
Ce bagne contenait 380 cellules mais a logé jusqu’à 800 bagnards. Les conditions de vie étaient très précaires et difficiles.
Déambuler près de ces murs froids de pierre permet d’avoir un aperçu des conditions dans lequelles les prisonniers étaient
détenus.
Repas chez les dueños de la cabaña, une paella de la mer ! Puis échange mutuel des différentes expériences à vélo.
Avec un peu d’arrachement, nous remontons vers le Détroit de Magellan pour prendre à nouveau un bac qui nous mène à
Punta Arenas, retour sur terre chilienne.
Nous nous pressons pour ne pas manquer le bac, il n’y en a qu’un par jour. Une fois arrivés, on nous informe que le bac ne
part pas pour l’instant car le vent est bien trop fort. Il est 13h et nous devons attendre 17h pour avoir de nouvelles
informations. Nous nous rendons dans un café. Impossible de rester à l’extérieur le vent étant trop violent. Nous profitons
pour faire quelques leçons d’école.
Nous pouvons finalement traverser vers 18h. Le bateau est secoué fortement et les vagues passent par-dessus et aspergent
les véhicules parqués sur le pont. Pour sortir, il est très difficile d’ouvrir la porte, bloquée par la force du vent. Je sors un
moment et sans me le dire Amalia me suit quelques minutes après. Lorsqu’elle atteint la porte, elle parvient à l’ouvrir, passe
tant bien que mal et retient la porte avec une seule main et là, la porte se referme avec grande force sur son autre poignet.
Gros choc mais bien placé... rien n’est cassé.
Nous aurons traversé 7 fois la frontière entre l’Argentine et le Chili. Cette fois c’est la dernière (pour ce voyage).
Visite des pingouins de Magellan avant de prendre l’avion. Nous pouvons sentir toute la force du vent de Patagonie, ce n’est
pas un mythe ! Nous avons de la peine à ouvrir les portes de la voiture ou alors au contraire, elles nous sont arrachées des
mains... Nous devons faire attention à tout ce qui peut s’envoler : lunettes, bonnets, tout doit être bien tenu. Cette force nous
impressionne ! Nous nous rendons compte que d’arriver ici à vélo avec notre chargement aurait été impossible (ou alors il
nous aurait fallu 2 ans...).
Nous prenons l’avion. Nous nous arrêtons à Puerto Montt pour retrouver les vélos alors que mon papa poursuit sur Santiago,
puis retour en Suisse.
Cette partie en voiture n’aura pas été des plus reposante. Les pannes, les crevaisons et le non droit à l’erreur nous ont
parfois tendu les nerfs. Voyager à 5 aura été un vrai plaisir. Les moments de partage ont été riches. Amalia et Esteban
auront pu profiter de moments privilégiés avec leur grand-papa et ça, c’est un cadeau immense dont nous sommes
conscients. Le départ a été difficile. Amalia dira : “On pleurait de joie quand il arrivait et là on pleure aussi mais c’est
différent”. Il nous faudra quelques jours pour nous habituer à repartir à 4, sans cette bienveillance qu’il nous a apportée tous
les jours. Merci à toi papa pour ces moments de qualité !
L’aventure se poursuit à vélo à présent, avec une batterie en moins. Elle nous a lâchés entre temps. Nous remontons vers
Santiago par la région des lacs.
Nous remercions Juan Carlos pour son aide et pour le délicieux repas partagé ! Nous avons pu laisser nos vélos chez lui
durant le périple en voiture et il nous a donné un sacré coup de main pour la réception d’un paquet de matériel de réparation.
¡ Gracias Juan, tu ayuda nos fue preciosa !