Arica - Colchane
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Prendre conscience de ce que l’on a et en profiter pleinement...  
Retrouvailles avec les hautes altitudes Arica – Km 38 y media : (52km / 900m dén. pos. / 100m dén. nég.) détails Après s’être remplis de la force de l’océan, nous partons de la ville en longeant la côte, route bien moins fréquentée et bien plus belle. Puis, nous atteignons le début de la vallée de Lluta. La montée est légère, un bon échauffement pour ce qui nous attend ensuite. Nous nous arrêtons (déjà) au km 38,5 car une dame y propose un hospedaje (logement). Nous apercevons le début de la montée qui nous attend pour le lendemain… il va y avoir de quoi faire… Km 38 y media - Zapahuira : (61km / 2600m dén. pos. / 100m dén. nég.) détails La montée commence sans échauffement cette fois. Et ça grimpe. De nombreux camions boliviens fréquentent cette route. C’est leur accès à la mer. Il nous faut être vigilants. La montée sera continuelle, en traversant le désert, aride. Nous arrivons après une journée très longue à Zapahuira où se tiennent 3 restaurants et 1 hospedaje. Nos batteries ont besoin d’être rechargées donc bien que la pose de la tente soit préférable, il nous faut du courant. La dame qui tient l’hospedaje est à Arica car elle est malade. Nous demandons au 1er  troquet si nous pouvons poser nos matelas à l’intérieur. Le patron mange il viendra nous parler plus tard mais oui ça devrait être possible nous répond la serveuse. Durant l’attente je pars avec Esteban pour demander dans les 2 autres restaurants pour assurer le coup. Je me fais refouler. On me dit que si nous continuons 15 km nous atteignons un village. Sauf que la nuit tombe et que 15 km dans les Andes, en pleine montée, à vélo, ça prend du temps. Je retourne au 1er restaurant où Olivier et Amalia n’ont toujours pas eu accès au patron. Voyant que dehors on ne voit plus grand-chose je demande à lui parler. Il vient vers nous assez froidement. Non, nous ne pourrons pas dormir au sol dans son restaurant. Il nous dit qu’il n’a qu’une chambre avec un lit. Nous prenons. La chambre est vraiment sale. On comprendra par la suite qu’elle sert de niche pour les chiens. Nous protégeons le lit (ou plutôt nous nous protégeons du lit) et mettons les matelas des enfants au sol. Ils dormiront à merveille, comme s’ils étaient sous tente. Nous dormirons en ayant hâte d’être le lendemain. Durant cette journée les enfants ont été vraiment incroyables. Ils ne se sont pas plaints de la longue journée et ont accueilli ce qui venait de manière positive. Zapahuira - Putre : (34km / 800m dén. pos. / 600m dén. nég.) détails La montée se poursuit. La journée sera bien moins longue. La route monte en lacets à travers des roches qui passent du rouge au jaune, une explosion de couleurs ! Arrivés à Putre nous prenons le temps de nous arrêter à la chouette place de jeux pour les enfants. Les habitants qui ont lu le journal de la veille nous reconnaissent et nous saluent de manière très amicale. Un groupe nous invite à venir voir un théâtre le soir. Nous demandons si c’est aussi pour les enfants : bien sûr que oui ! Arrivés au théâtre, nous sommes les seuls spectateurs, puis arrivent des militaires et ensuite quelques villageois. Le thème est donné : Arica tiene VIH y tù ? (Arica a le VIH et toi ?). Théâtre-débat sur le VIH et le SIDA. Parfois ce n’est pas si mal que les enfants ne comprennent pas tout en espagnol… Certains passages sont très explicites. Nous avons ensuite une discussion avec eux pour débriefer un peu la soirée et ce qu’ils n’ont pas compris. Le débat qui suit est très intéressant. La plupart des adultes ne savent pas la différence entre VIH et SIDA et ne savent pas non plus les modes de transmission. Un prof demande pourquoi le gouvernement n’instaure pas une éducation sexuelle à l’école. Nous restons 2 nuits à Putre afin de préparer la suite qui s’annonce très difficile. Et ce joli village porte un si joli nom (en Aymara Putre signifie « Bruit de l’eau »). Achat de nourriture pour tenir en autonomie durant 1 semaine. On nous annonce que les refuges seront fermés car les gardes ont un exercice durant 1 semaine à Putre. Putre – Lago Chungara : (58km / 1450m dén. pos. / 475m dén. nég.) détails Dès que nous quittons le village, ça monte très intensément. Nous passerons de 3'500 m à 4'700 m dans un décor incroyable. Lorsque nous atteignons l’Altiplano, les larmes nous viennent aux yeux. Des vigognes, des lamas, puis une vue sur le volcan enneigé : époustouflant. Il n’y a pas de mots qui puissent transcrire ces paysages. Impossible pour nous de s’en lasser, à chaque fois l’émotion reste la même. Un bonheur intense nous remplit. Les étapes ont été hardues mais nous sommes constamment rechargés par les chants des enfants et leur émerveillement, les paysages, rouler à vélo à plus de 4'500 m dans les Andes… On se sent vraiment vivants. Nous nous arrêtons à un refuge des carabineros (policiers) et leur demandons si nous pouvons nous abriter du vent et du froid au bord de leur maisonnette pour notre dîner. Ils nous font entrer et nous servent à boire. D’une gentillesse incroyable, ils veulent nous aider au maximum. En atteignant le lac, d’autres carabineros arrêtent leur véhicule et nous demandent si nous avons besoin d’aide et où nous allons dormir. Je leur explique que nous allons camper au bord du lac. Ils nous disent d’aller au refuge de la Conaf (comme le CAS chez nous). On leur raconte qu’à Putre nous avons eu l’information que tous les refuges étaient fermés. Ils repassent vers nous 30 minutes plus tard en nous disant que le refuge est ouvert et qu’ils nous ont réservé un local. Leur attention nous touche. La vue sur le volcan et les alentours est encore plus impressionnante. Olive et moi sommes comme des enfants. Amalia et Esteban sont ravis de la chambre très sommaire qui nous est offerte et nous aussi. Nous sommes remplis de gratitude de pouvoir vivre des moments pareils. Certes, le fait d’arriver dans de telles régions à vélo accentue encore plus l’émerveillement mais tout de même, c’est magique. Nous cuisons du riz qui a bien de la peine à devenir mou à cette altitude. Il faut beaucoup de temps afin qu’il devienne une sorte de papette collante. Durant le souper, nous observons une jolie ribambelle de vizcachas (lapins des andes : mélange entre lapin/écureuil/kangourou). Nouvel émerveillement. La nuit est difficile. L’altitude nous affecte quelque peu. Seul Esteban a l’air de ne pas être dérangé mis à part ses pauses respiratoires parfois impressionnantes. En route pour la galère... Lago Chungara- Guallatire: (48km / 430m dén. pos. / 770m dén. nég.) détails Nous partons en longeant le lac. Une file de plus de 2 km de camions est arrêtéé sur la route. Ils attendent de pouvoir passer la douane chilienne. Nous leur demandons combien de temps ils attendent en général, ça va de ½ jour à un jour entier… Lorsqu’aucun camion n’arrive en face, nous fonçons pour avancer, la voie de droite étant occupée par les camions à l’arrêt. Une fois la douane passée (aucune formalité pour nous car nous restons sur territoire chilien) nous nous embarquons sur la piste. Elle débute fort. Du sable. On s’enfonce. Après 1 km d’effort pour pousser nos vélos, Olivier hésite. On revient en arrière sur de nombreux kilomètres (plus de 60) pour prendre une piste en meilleur état ? On décide de poursuivre, quitte à camper au milieu de nulle part. On peine vraiment sur les 6 premiers kilomètres. A vélo seul, il est possible de trouver des endroits moins ensablés mais avec nos convois, impossible. Il y a de toutes façons des roues qui s’enfoncent et se plantent. Les enfants marchent. Nous poussons. On avance très lentement (mais on avance). Après environ 1h30, les pierres remplacent le sable. On avance avec les enfants sur les vélos. Nous sommes tous complètement secoués. Ça tabasse fort, très fort. Après 11 km, nous parvenons à une source d’eau chaude. Une petite cabane abrite un bassin, trop bouillant, impossible d’y mettre un pied. Nous apprendrons plus tard qu’il y a un système qui permet de vider l’eau et de laisser la source (moins chaude) remplir le bassin. Les enfants et Olivier se baignent dans la source à l’extérieur. Je m’occupe de filmer et voyant leur réaction, je n’irai pas les rejoindre. Une grosse quantité de vase se soulève et ils seront plus sales à la sortie qu’à l’entrée… Je prends une bouteille vide, la remplis d’eau plus claire pour les rincer. Du noir reste sur leur peau. Nous poursuivons la piste. Des paysages magnifiques à 360°, des vigognes, des volcans s’offrent à nous. Nous nous sentons vraiment bien dans l’Altiplano perdu. Un sentiment de sérénité et de plénitude nous remplit à nouveau. Après 22 km, nous rejoignons une piste plus large. Nous atteignons les 13 km/h. De nombreux camions y circulent. Ils font l’aller et retour du salar de Surire à la centrale que nous avions observée 4 jours auparavant pour y déverser le borax. Heureusement pour nous, le vent nous permet d’éviter la quantité incroyable de poussière soulevée par les camions. Les indigènes ont obligé la compagnie Quiborax d’humidifier la piste pour éviter des contaminations aux animaux. Ça nous arrange également. Nous utilisons beaucoup la force des bras pour tenir sur la route. La roue avant dévie souvent et nous risquons à plusieurs reprises de tomber, surtout moi. Nous arrivons à Guallatire en fin de journée, fatigués. Nous trouvons un hospedaje. Ce village est composé de la police, du refuge (qui ne permet pas d’y dormir) et de ce petit restaurant pour les chauffeurs de camions. Lors du déchargement des bagages, nous nous rendons compte qu’une pièce principale du chargement à mon vélo est cassée. Olive désespère. Il n’y a aucun poste à souder dans la région. Il nous faut retourner à Putre ou à Arica. Avant de désespérer à mon tour, j’attends un peu que ça se décante. Les policiers qui nous ont accostés un peu plus tôt reviennent vers nous et cherchent une solution avec nous. Ils nous proposent de nous amener le lendemain à une ancienne mine d’or. Certains la surveillent et là il doit y avoir un poste. Nous y accédons le lendemain matin amenés par la police. Esteban est heureux de monter dans leur véhicule. L’endroit est désert. Le policier, après avoir appelé et klaxonné, franchit les grillages de sécurité. Il cherche mais ne trouve personne. Nous repartons. Les 2 policiers décident de se rendre à un autre endroit. Durant le trajet, nous voyons des travailleurs auprès d’un canal. Les policiers décident d’aller voir. Il y a un poste à souder mais il faut d’abord demander l’autorisation au chef de chantier qui se trouve quelques kilomètres plus haut. Départ donc à sa recherche. Une fois trouvé, il nous donne son accord et nous accompagne. Le câble du poste à souder est coupé en deux. Le chef joint les deux parties pendant qu’un ouvrier soude. Les pièces sont réparées, solidifiées, nous sommes soulagés, nous pourrons repartir. Les policiers se sont donnés beaucoup de mal mais avec plaisir à nous aider. Les discussions ont été riches durant les trajets : Pinochet, Allende, Bachelet, divers avertissements comme celui sur les orages. Le ciel peut changer très rapidement dans ces régions de haute montagne et alors le danger guette. Des orages dans l’Altiplano, où tout est plat tuent des animaux et parfois des hommes. Il est donc important de veiller et de se mettre rapidement à l’abri. Des paratonnerres ont été installés au milieu de nulle part pour éviter que trop de vies soient touchées. Les complications s’enchaînent Une fois de retour, après avoir remercié chaleureusement les policiers, nous remontons le matériel. Et là, Olivier se rend compte que le timon d’Esteban est lui aussi cassé. Le timon est en alu donc pas possible de le souder. Alors là, cette fois, ce n’est pas bon du tout. Olive voit tout s’écrouler. Il cherche des solutions. Pendant ce temps, je fais l’école aux enfants. Je reviens le voir, lui demande s’il a trouvé quelque chose, il répond que ce n’est pas possible. Nous sommes dans un coin perdu, même pas une visseuse, rien, et aucun moyen de retourner à Putre ou Arica. Je relativise encore. Ça va aller, les choses vont s’imbriquer. Le timon que mon papa nous a envoyé ne nous est pas parvenu. Une fois de plus avec l’aide de la police, nous appelons Luis à Arica (personne de contact chez qui le paquet doit arriver). L’endroit où nous sommes étant loin de tout le policier doit téléphoner à un autre poste pour que ce second poste les mette en contact avec un téléphone cellulaire. Luis nous informe que le paquet est à Antofagasta. On lui demande s’il le reçoit demain de le transmettre à un chauffeur de bus qui se rend en Bolivie afin qu’il le laisse à la douane. Là, les policiers nous ont proposé d’aller le chercher. Il nous faut donc attendre demain pour savoir ce qu’il en est. Nous ne repartirons donc pas aujourd’hui. Olivier a préparé ce moment du voyage de manière très approfondie. Il savait que ça allait être très dur et qu’il ne fallait pas que quelque chose ne nous arrive ici. Ce n’est que du matériel heureusement et si cela nous arrive sur le salar de Uyuni, ça pourrait être vraiment problématique car aucun moyen d’approvisionnement et personne. On relativise donc mais on craint à plusieurs reprises que le voyage à vélo se termine d’un coup dû aux secousses très fortes affligées à notre matériel. On croise les doigts, on lève les yeux, et on y croit. On cherche toutes les solutions possibles à 2. Olivier, dépité, en arrive même à penser louer un véhicule pour se rendre directement à San Pedro de Atacama et abandonner notre rêve de traverser le salar à vélo. (Non, ça je ne peux pas, je ne veux pas et je sais qu’Olivier non plus.) Je lui explique que la seule solution valable est de redescendre à Arica pour faire fabriquer des timons en acier. Au début il secoue de la tête, puis, il adhère. Le dueño du petit troquet où nous sommes nous informe qu’il descend à Arica toutes les 2 semaines pour s’approvisionner. Et la prochaine fois… c’est cette nuit ! Il nous propose de descendre avec lui car ici, rien ne pourra nous aider et la suite du chemin ça sera encore pire. Ni une ni deux, on prépare le minimum d’affaires et on embarque avec lui. 4h de route pour tout redescendre. Les cols nous impressionnent et nous font peur aussi. On se rappelle toutes les maisonnettes mortuaires qui bordent la route… nous n’avons aucune envie d’en rajouter. Mais nous devons faire confiance au chauffeur. D’abord nous ne croisons personne mais ce sont les lacets qui se succèdent qui sont effrayants. Des à pics vertigineux en terre, on frôle le vide. Après 2h de trajet on arrive sur la route que les camions boliviens empruntent et là, ce sont les dépassements dans les virages sans aucune visibilité qui nous apeurent. Nous arrivons à 23h30. Le lendemain, j’appelle Luis (notre contact qui doit recevoir le paquet). Il est déjà à la poste. Olive le rejoint. Le paquet n’est toujours pas là. A la poste ils rencontrent un ami à Luis qui s’intéresse à la problématique. Il connait un spécialiste qui fera les pièces avec plaisir. Départ. Tout s’imbrique ! Il faudra la journée entière pour que les pièces soient prêtes. Vers 17h, retour à la poste car un dernier convoi doit arriver vers 16h30. Sur l’ordinateur de la postière, il n’y a rien. Elle prendra 20 minutes pour fouiller le dépôt et reviendra avec le paquet. On a énormément de reconnaissance pour toutes ces personnes. Tout s’imbrique ! A la fin de la journée : 2 nouveaux timons en acier / 1 nouveau timon en alu / des morceaux de vacherin et gruyère qui ont très mal vécu le voyage depuis la Suisse / un moral re-boosté pour Olivier (de mon côté et celui des enfants il est resté bon, j’étais confiante, parfois à la limite mais j’essayais de ne pas laisser de place au doute). Nous repartons à 6h du matin pour passer de 0 m à 4'500 m d’altitude en 4h. Si cela nous était arrivé juste après, il y aurait eu de gros risques. Nous avons une balise d’urgence si vraiment mais nous espérons que tout ira bien. Nous partons pour une zone encore plus problématique. Le patron de l’hostal d’Arica nous a prévenus. La piste que nous prendrons dans 2 jours est encore plus difficile et personne, vraiment personne ne sera là pour nous aider. Avec toutes les réflexions, recherches, ajustements, renforcements, ça va aller.  Les dueños de Guallatire Guallatire – Surire : (45 km en 4x4 (policiers) 12km / 50m dén. pos. / 40m dén. nég.) détails Avant de partir, nous essayons les timons en acier fabriqués à Arica. Ils ne vont pas. Le diamètre est trop large. Olivier l’avait vu sur place et avait fait meuler mais cela n’est pas suffisant. Il se met alors à poncer les tubes. Il s’épuise puis essaie. Ça ne rentre pas. Notre moral chute, chez les 2 cette fois. On ne sait pas si nous pouvons partir. On ne sait plus quoi faire. Redescendre à Arica ? Louer un véhicule ? On a vraiment envie de partir à vélo mais là, la piste est tellement mauvaise que si le timon en alu casse, c’est terminé. Les policiers viennent nous voir et nous demandent comment ça va. On leur explique. Ils nous proposent alors de nous amener à Surire, 47 km plus loin mais il est impossible de charger notre matériel dans leur 4x4. Ils nous disent qu’ils embarquent une partie en fin d’après-midi et le reste le lendemain matin. Sur le salar, l’entreprise Quiborax pourra peut-être nous aider. Lorsque nous arrivons à Quiborax, nous demandons de voir le chef. Nous lui expliquons la situation. Il comprend et dit qu’en effet nous n’allons rencontrer personne durant plusieurs jours sur la piste que nous allons prendre. Il appelle des mécaniciens qui meulent encore plus les timons. Une fois cela fait, nous savons que nous avons des pièces de rechange, même si à force d’être meulées, elles se sont fragilisées. Merci à eux. Nous poursuivons. Un orage guette. Nous décidons de nous arrêter plus vite au refuge déserté de la Conaf. Une fenêtre est facilement ouvrable, nous nous introduisons et remettons tout en ordre à notre départ. Une quantité incroyable de vizcachas grimpent les rochers alentours. Un régal pour les enfants. Surire - Enquelga: (72km / 500m dén. pos. / 840m dén. nég.) détails Départ pour une source d’eau chaude à côté du salar, à 20 km de la Conaf. Nous rencontrons un berger au milieu de nulle part. Nous lui proposons du fromage frais, il nous demande quel jour nous sommes. Nous avons bien du mal à lui répondre. Le temps s'arrête dans les hauts plateaux. Arrivés aux sources, l’endroit est magnifique. L’eau est bouillante. Nous nous y trempons et lorsque nous sortons nous voyons tout tourner. Nous apprendrons par la suite que suivant l’endroit où nous nous mettons l’eau peut passer de 35°, 40°, 45°, à plus. L’eau est très soufrée ce qui fait que l’odeur des œufs pourris est bien présente. Nous repartons pour un petit col qui nous amène à la frontière bolivienne. Aucune douane. Nous devons prendre ce chemin qui rejoint le Chili 3 kilomètres plus loin. Cela nous évite un détour d’une vingtaine de kilomètres. Nous entrons donc en Bolivie en clandestins. Les policiers chiliens nous ont avertis que des militaires boliviens guettent l’endroit et que s’ils nous abordent nous devions leur donner l’argent qu’ils nous demandent sans discuter. Bienvenue au pays de la corruption. Nous ne rencontrons personne. Danger et rencontre avec la peur Une fois le Chili rejoint, d’un coup, les nuages se transforment. Le ciel devient noir. Au loin le tonnerre gronde. Mais l’orage se rapproche rapidement. Scène apocalyptique. Nous traçons. Mais sur cette piste, nous atteignons difficilement, à plat, les 10 km/h. Tout est noir à gauche, à droite, derrière. Il n’y a que sur l’avant que le ciel est encore clair. Nous traçons dans cette direction du mieux que nous pouvons. Cela ne suffit pas. Des éclairs de tous côtés scindent le ciel. Amalia commence à paniquer. On trace. Les éclairs se rapprochent. Ils ne sont pas loin. Je panique à mon tour. Je sais que nous n’y arriverons pas. Olive est devant. Je l’appelle. Il n’entend pas. A chaque éclair Amalia hurle. Je panique. J’appelle Olive de toutes mes forces, lui disant que je n’y arrive pas. Il regarde tout autour et voyant que nous sommes au centre et que les éclairs se rapprochent dangereusement il sort de la piste et me crie que l’on va planter la tente et vite ! Dans la panique, nous sortons les affaires et nous nous éloignons des vélos. Olive monte la tente, je gonfle 3 matelas. Amalia est épouvantée, elle a de quoi. Esteban, reste tranquille, observe et nous dit : « Alors ça y est, c’est maintenant que nous allons mourir ? ».  Grande consternation. Les enfants ne devraient pas à avoir à se poser ce genre de questions ! Je mets un matelas à l’intérieur et dis aux enfants d’aller dessus et de nous attendre. Une fois que le minimum est prêt, Olive et moi allons les rejoindre, laissant tout le reste en plan. Une scène de fin du monde. Amalia et moi en position fœtale l’une contre l’autre. Je prie pour que ça nous passe à côté. Olivier et Esteban à plat sur le matelas. Esteban commence à lâcher et à pleurer. Olivier compte les secondes entre les éclairs et les coups de tonnerre. C’est très proche. C’est là. Nous sommes dans l’Altiplano, dans une zone si plate que seule notre tente dépasse du sol. Rien d’autre autour. Nous attendons. Olivier et moi n’avons pas eu le temps de mettre notre doudoune. On commence à geler. Le vent souffle sur la tente et manque de peu de la soulever. Pluie, neige. Puis ça commence à s’éloigner. Merci à notre étoile, une fois de plus elle a été là pour nous. Nous ressortons gentiment et apercevons le paysage blanchit. Une voiture arrive. Ce sont les carabineros de Colchane. Ils passent ici 2 fois par mois et par chance pour nous c’est aujourd’hui. Ils se prennent en photo avec nous. Nous plions la tente. Nous ne voulons pas rester ici exposés ainsi. Nous avons vécu la peur. Nous nous remettons en tête les principes de l’Ho’oponopono... Nous peinons à effectuer 5 kilomètres lorsque nous arrivons à un village fantôme constitué de quelques maisons délabrées. Nous allons peut-être dormir ici. Soudain, la voiture de police revient vers nous car elle retourne vers Colchane. Ils s’arrêtent à nouveau. Ils nous proposent de nous emmener plus loin. Il faudra faire à nouveau 2 aller-retour, c’est égal pour eux. J’embarque en premier avec Amalia. A chaque petite maison fantôme ils regardent si c’est ouvert ou s’il y a quelqu’un. Par chance pour nous, ce n’est pas le cas et nous avançons. Ils s’arrêtent à un endroit pour observer au loin des camions. Je comprends que ces camions sont dans l’illégalité. Les policiers appellent par téléphone satellite la centrale afin qu’ils agissent car eux sont occupés par nous. Un peu plus loin, le chef s’arrête pour montrer sur sa tablette une petite séquence vidéo à ses coéquipiers. Amalia se pose des questions. Ils ne sont pas dans le stress. Nous avançons sur une piste encore bien pire que celle empruntée jusqu’à présent. Amalia ne veut pas aller trop loin pour que son papa nous rejoigne vite et de mon côté, en accord avec Olivier, je souhaite que la voiture nous emmène jusqu’à Enquelga. Sans que je dise quoi que ce soit ce sera le cas, à 19h15, une heure après le départ. Nous arrivons au refuge fermé mais les villageois nous l’ouvrent. Le grand luxe : électricité, lits, toilettes, cuisine ! Olivier et Esteban de leur côté attendent. Esteban joue au tennis en lançant des cailloux avec un bout de bois. Puis la nuit tombe. Esteban demande si les policiers viendront vraiment les chercher. Il commence à s’inquiéter. Le froid est là. Olivier se pose également des questions. Des phares arrivent au loin, c’est un camion qui s’arrête. Le chauffeur demande si tout est ok. Ce n’est qu’à 20h45 que les policiers arrivent. A peine monté à bord du véhicule, Esteban s’endort. Ils nous rejoindront à 22h. 1h de voiture pour une vingtaine de kilomètres ce qui aurait représenté plus de 2 jours de vélo pour nous.   Nous nous promettons de ne plus jamais revivre cela. Cette journée a été trop forte en émotion, en peur. Olivier se demande s’il n’y a pas quelqu’un qui décide via un ordinateur des difficultés à nous faire endurer afin de voir si nous nous en sortons. La dernière fois. Après le repas, nous allons dormir les 4, apaisés et heureux d’être là, vivants. Enquelga - Enquelga: (8km / 50m dén. pos. / 50m dén. nég.) A 2 kilomètres du village se situent des bains dans la nature, avec vue sur une plaine remplie de lamas. Nous en profitons avant de poursuivre la piste. Vers midi, nous galérons à nouveau, cette fois dans un sable épais. Impossible de rouler, il faut pousser et les enfants marcher. Derrière nous, à nouveau, le ciel se charge et le tonnerre gronde. Amalia se sent envahie par la panique née de la veille. Dans 9 km nous avons des maisons pour nous abriter. Vu l’état de la piste, il nous faut 1 heure. La dernière fois !  Olive décide de rebrousser chemin. On retourne à Enquelga, dans le refuge. L’orage approche. La pluie commence à tomber fortement lorsque Jukka (notre ami cycliste fou finlandais avec qui nous avons roulé de Chivay à Arica) débarque! Il passera la nuit avec nous. La grêle prend le relais et les éclairs fusent. Nous sommes à l’intérieur. Olivier fera même un feu et trouvera une connexion avec le gaz pour que nous puissions prendre une douche chaude en soirée ! On frotte, on se décrasse. Un luxe ! J’envoie un message via la balise à mon papa pour lui informer de la situation. Il avait bel et bien vu à travers les points de localisation et les horaires que quelque chose se passait. Nous repartons demain matin tôt pour éviter au maximum les orages.   Nous déconseillons fortement ce tracé pour une famille. Nous avions lu sur des sites que d’autres cyclos voyageurs (peu) l’avaient emprunté mais voyager seul sur un vélo ou en famille, cela n’a rien à voir. Nous sommes infiniment reconnaissants envers les carabineros du Chili. Ils n’ont cessé de répéter qu’ils étaient là pour ça aussi et que c’était leur travail. Mais tout de même, c’est à nos yeux incroyable toute l’aide qu’ils nous ont apportée. Ils nous ont certainement sortis d’une galère encore plus grande. Nous leur devons beaucoup. Il est évident que contrairement à d’autres pays (comme la Bolivie) nous pouvions nous confier entièrement à la police chilienne et leur aide est clairement inconditionnelle. MERCI !
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